Les Amers
Les Amers,
Ce sont des points de repère fixes et identifiables sans ambiguïté utilisés pour la navigation maritime. Ne pas confondre avec « Ministère A.M.E.R. » un groupe de Rap de Sarcelles.
Contrairement aux autres marques de balisages, les Amers n’ont pas pour vocation de guider les marins. Ils n’appartiennent pas à l’administration des phares et balises. Mais, à des communes, congrégations religieuses, particuliers, voire au génie ou à la marine.
La maintenance de ces ouvrages remarquables du paysage côtier échappe en grande partie au service des phares.
En 1841 suite aux plaintes des marins concernant le balisage diurne, l’administration lance une grande enquête nationale afin de répertorier l’ensemble de ces aides. Plus particulièrement dans les estuaires de la Loire et la Gironde. Concernant la seconde, ils recenseront 91 amers, comprenant entre autre 61 arbres de toutes essences. Obligeant ainsi les marins à avoir des connaissances en botanique.
Cela tiens à peu de choses,
Cela donne en même temps une idée de la vulnérabilité de cette signalisation naturelle. Une belle épée de Damoclès au-dessus de la tête, à la merci d’une hache de bucheron, maladie ou vieillesse. Un arbre abattu, un écroulement de bâtiment, moulin, église, abbaye et plus de repères pour les marins. Bien sûr sans être prévenu car, bien souvent les propriétaires ignoraient que leurs ouvrages servaient à la navigation maritime ou fluviale.
Retour en arrière,
Ce problème remonte loin dans le temps, exemple à Saint-Nazaire. En 1750, douze peupliers, menacés d’abattage par son propriétaire, situés sur une colline dominant la ville.Tout cela au grand dam des pilotes de navires de guerre et de commerce, qui remontaient régulièrement l’estuaire. Finalement ils seront rachetés par la marine et l’amer sera sauvé. Autre exemple dans la même ville qui elle, achètera le bois de Kerlédé autre amer. Beaucoup plus tard, sera construit le phare du même nom juste à côté.
En Gironde cela deviendra dramatique et en mars 1842, le préfet adresse une circulaire à tous les maires des communes concernés afin de les sensibiliser aux problèmes de navigation. Dans le cas d’un amer remarquable, des mesures seraient prises pour éviter sa disparition.
Dans les cas exceptionnels, la marine et/ou le préfet contacteront les propriétaires afin qu’ils ne coupent pas leurs arbres.Pour certains édifice-amers remarquables l’état peut décider d’aider les communes. Certains seront peints, comme sur la photo dans l’article, aux frais de la marine, suivant le code de navigation de l’époque.
L’ argent,
Certains propriétaires flairant la bonne affaire, vont jusqu’à construire par exemple, des moulins à vent et demander des subventions, qui leur seront souvent refusées.
En revanche, la commune de Noirmoutier en Vendée (85) recevra de l’argent pour la reconstruction de son clocher en Août 1844. L’année 1857, verra la création d’un annuaire confidentiel des Amers Français. Il deviendra officiel et accessible à partir de l’année 1864. Les propriétaires de ces ouvrages répertoriés et déclaré d’utilité publique, seront astreints de les entretenir en échange de subventions.La destruction partielle ou publique sera formellement interdite.
Dorénavant l’état doit anticiper la maintenance des Amers privés les plus remarquables. Revers de la médaille, le recensement bouge, tout comme les estuaires et nombres de conflits éclatent entre l’état et les propriétaires.
« C’est la cupidité des propriétaires contre la pingrerie de l’état »
Exemple chez nous, dans la Loire Atlantique, en 1873, le propriétaire du clocher en ruine du prieuré de Donges, « renversé par les ages », réclame une subvention pour le déblaiement des gravats. La commune du Pouliguen réclamera en vain une subvention afin d’ériger un clocher pour son église.En 1875 ce sera le tour de la commune de Batz-sur- mer, qui réclamera en vain des subsides afin de rénover son clocher.
Ensuite viendra la mode des Phares-Amers, afin de parfaire le balisage diurne de navigation. Les ingénieurs de l’époque imagent Amériser les tours de certains phares.Ils le sont toujours d’ailleurs en 2015. La démarche de l’époque était d’éviter la confusion donc de jour, avec des clochers d’églises et des lumières de la ville. Il faut dire qu’à l’époque les feux étaient blancs et fixes. D’où la possible méprise par les navigateurs de l’époque.
Le Barbouillage,
Chez nous ce seront les phares de « Le Banche » et « Du plateau du Four » qui en feront les frais. En revanche celui du « Charpentier » et de « Ville-ès-Martin » échapperont au barbouillage. Pourtant ils avaient tous été construits sur les mêmes plans, ou presque, et le même granit venant des carrières de Batz-sur-Mer.
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