La Tourelle du Pignon
La Tourelle du Pignon, dans le Morbihan (56), voila un monument fort sympathique au milieu de la rivière Penerf. Où ? Dans l’extrême sud/ouest du département, à la frontière avec le département de la Loire-Atlantique. Par la route, sur l’axe Vannes, Nantes ou inversement. A la hauteur du village de Muzillac, vous prenez la direction Damgan, donc vers la mer. Ensuite une fois arrivé à Damgan, vous suivez Penerf, demandez « la Tour des anglais » et vous serez quasiment arrivés. Pour le final c’est, « article 22 ».
Côté mer, afin de situer sa position en venant du large, il suffit de prendre la « Passe de l’Est » au cap 31,4° en alignant la fameuse « Tour des Anglais » et le clocher de l’église de Penerf. Ensuite suivre l’alignement à 0° (ou 360°) en visant la « Tourelle du Pignon » et l’église du « Tour du Parc ». Des récifs très méchants bordent le chenal très étroit.
Présentation,
Les constructions de phares coûtent cher, afin de les réduire, toutes sortes de solutions prennent vies. Cela est d’autant plus vrai pour les tourelles, et signaux divers d’entrées de ria et/ou de ports. La plupart des anciennes tourelles, sont construites en pierres qui s’enchâssent les unes dans les autres, le ciment Portland n’existant pas encore. En revanche, fin du 19ème siècle, des premiers essais se réalisent avec le béton armé. Ce conglomérat de matériaux et de ferraille (1877) va permettre de construire des édifices là, où il était impossible d’en implanter auparavant.
Les premières expérimentations passeront par le renforcement de phares existants. L’on n’imagine pas les tonnes de béton coulées au pied de nos phares emblématiques. Les secondes concerneront la constructions de tourelles, souvent des projets laissés en jachère depuis des années. Les premières seront circulaires, notamment les tourelles du Lavardin en 1888.
Mais ces édifices restent fragiles et nombre d’entre eux finiront dans l’océan. En 1893, une autre technique apparait, les coffrages de forme octogonale munis d’arêtiers en fonte. La première des tourelles sera celle des « Trois pierres » dans les passes de Lorient.
Le travail consiste à couler un massif de béton à deux mètres en dessous du zéro des cartes. Pour mémoire le plus bas niveau de marée basse d’équinoxe. Le coffrage est fait de sacs de ciment, des barres métalliques sont scellées en son sein. Ensuite des moellons sont noyés dans la masse afin d’apporter du poids à l’édifice.
Cette méthode permettra d’éclairer des endroits impensables à l’époque.
Enfin,
Mais cette méthode n’est pas universelle et certains déboires conduiront des ingénieurs dans l’emploi de parement en pierres afin d’assurer la pérennité des tourelles. Un exemple école, le tourelle des Birvideaux entre Groix et Belle-île. Ses travaux dureront en tout et pour tout cinquante années. Son budget dépassera celui du phare d’ Ar-Men et sera aussi élevé que celui de Kéréon. Ce dernier étant le plus cher de tous les phares français.
Enfin pour notre tourelle du Pignon, ce sera la même technique du cylindre de béton et ceinturage en moellons. D’un coût trois fois moins élevé qu’une technique en pierre de taille.
Seul bémol sur cette tourelle c’est, son année de construction… Je ne la connais pas, elle remonte à la fin du 19ème siècle mais sans date précise. Aucune mention sur les sites spécialisés amateurs ou professionnels. Même après des recherches sur les archives nationales et départementales du Morbihan.
La seule piste trouvée, est sur un site bien connu et que j’aime particulièrement, il s’agit de « Phares de France » très documenté. Voici le lien « Phares de France » , il situe sa construction en l’année 1865/66. Je vais poursuivre mes recherches afin de trouver d’autres sources possibles.
Pour finir,
Cette tourelle est bien entendu toujours en service et très utile pour les professionnels de la mer et les plaisanciers de passages.
Cet édifice donc, est pile au milieu de la Ria de Penerf, sa hauteur est de 14 mètres. Position, 47° 30′ 00″ N et 002° 38′ 9″ W. Réflecteur radar. La tour est rouge comme précisé auparavant, servant d’amer et de balisage du chenal le jour. Côté éclairage, en 1933 elle était munie d’un feu fixe rouge et vert. Auparavant il devait être blanc comme la plupart d’entre eux.
Pendant la seconde guerre mondial il a été éteint sur ordre de la Kriegmarine. je n’ai pas trouvé de trace de son éventuelle destruction en 1944 par l’occupant. En revanche en 1952 celle-ci est rallumé, renforcée et rehaussée.
En 1962 et jusqu’à ce jour (2018) elle passe ses couleurs en Blanc et Rouge, trois éclats toutes les 12 secondes. Les portées optiques sont respectivement de 9 et 6 miles nautiques. En 1973 son alimentation électrique est assurée par un aérogénérateur.
En 2018 ce sont des panneaux photovoltaïques qui assurent cette fonction.
Pour les OMs désirant activer cette tourelle, un article va suivre et au plaisir de se retrouver. Sachez simplement que cette tourelle se situe sur une zone FFF (France Flora Fauna) 73/44, finalement une bonne future activation.