Allez, suivez les Moutons
Allez, suivez les Moutons
Vous allez me dire, encore un titre alambiqué, pourtant nous sommes le matin. Il démarre de bonne heure le gars, il se refuse rien le bougre. A vrai dire, je vais vous parler du « phare des Moutons ». Il se situe sur l’Archipel des Glénan, je vous rappelle qu’il n’y a pas de « s » à Glénan. Sinon vous passerez pour un guignol de la ville. A toute période de l’année, pour prendre la mer afin d’assouvir sa passion pour les phares, il faut être extrêmement prudent. L’an dernier, malgré une future météo acceptable, je n’ai pu sortir mon petit bateau. Pas grave il est resté au camping, la semaine, il a pris l’air lui aussi.
Nouvelle tentative,
Cette année rebelote et dix de der comme on jaspine chez moi. C’est reparti pour un tour, la météo de la semaine est relativement calme, en fait je n’ai qu’une fenêtre de deux jours pour me rendre sur les Glénan. Sitôt dit, sitôt fait, je profite d’une semaine de libre pour aller sur Trégunc (sud Finistère). En même temps c’est au plus près, toutes les régions de l’hexagone, voir du monde se valent. Chez moi pas de, plus beaux villages, beaux panoramas, de plus belles avenues, plus belles façades etc…Pour avoir parcouru la planète, tout est beau et différent. Cela dépend de, votre humeur du jour, état de santé du moment, condition climatique, rencontres locales et j’en passe. Le plus bel endroit du monde s’il en faut un, pour moi ce serait le lieu d’enfance, même très pénible soit-il.
Allez c’est parti, j’attèle le pneumatique de 4,20 mètres derrière la corsa de 16 années et 200.000 bornes au compteur. Ce qui devient délicat, à ce jour, c’est la pente des cales et notamment celle de Pors-Breign, à Trégunc, dans la baie de Pouldohan. Mais, on gère malgré tout.
Présentation,
Alors ! il ne sont pas beaux les deux gros ? Donc, tous les deux situés sur l’archipel des Glénan. L’an dernier j’ai pu avec bonheur activer le phare de Penfret. Le souci à chaque fois est l’état de l’océan. Seulement un créneau d’une journée dans la semaine et encore, des creux de 1 à 1,5 m.
Les Moutons est un petit îlot protégé servant de réserve ornithologique, aux sternes notamment très nombreuses. Seules quelques parties de l’île sont accessibles au public.
La cale de mise à l’eau est payante, à la journée, la semaine, mensuel ou à l’année. Pour ma part je fonctionne à la journée. La mise à l’eau est de 6 euros (prix 2017), la veille je suis allé chercher mon bulletin afin de l’apposer sur le tableau de bord. Ne l’oubliez pas, cela évitera un éventuel tracas. Ce n’est plus l’office du tourisme qui délivre les accès mais, les services techniques de la ville de Trégunc d’où dépend la cale de Pors-Breign. Pour les localiser, très simple, lorsque vous êtes sur la route de Pont-Aven en direction de Trégunc, c’est sur la droite juste à l’entrée de la commune.
Afin de vérifier mon matériel, une fois de plus, et comme l’état de la mer ne le permet pas, je décide d’aller activer le petit phare de Pouldohan. Je l’avais déjà activé l’an dernier. Comme je serai sur une zone Flora Fauna cela étoffera mon auditoire du moment.
Je ne m’éternise pas sur cette activation, déjà évoquée dans un article précédent. Pour cela cliquez ici.
Petit rappel des références activées ce jour-là. Pour le FFF, ce sont les « Dunes de Trévigon » référence 1575, pour le petit phare le référencement est FRA-746.
Le jour « J »,
Le matin du 15 juin, la mer s’est calmée et c’est le départ pour l’île aux Moutons. Mise à l’eau du pneumatique, le matin vers 9h00. La marée ne permet pas une heure plus tôt. Ne pas oublier que la baie de Pouldohan est à sec, à marée basse.
L’île aux Moutons est situé à 7 miles nautiques de la baie de Pouldohan. Après la mise à l’eau, je met le cap au 230°, une fois passé le fanal de « Roche Tudy ». Je ne tiens pas compte des dérives courant et du vent, compte-tenu que j’aperçois au loin le phare. Le temps est clair et ensoleillé, pour plus de tranquillité je navigue avec ma combinaison de nage. Un petit clapot de 0,50m m’empêche de trop mettre les gaz. Ce sera une croisière tranquille, d’autant que je n’ai jamais abordé cet îlot.
Le temps de parcourir les 7 miles et de repérer les lieux, la marée est déjà bien descendue. Au loin j’aperçois un jeune homme qui me fait signe de rejoindre la jetée de l’île. Eh oui ! Il y a une petite bande de béton pentue qui m’attend. Lorsque vous arrivez en vue de l’île , ne vous aventurez surtout pas face au phare. Il y a de beaux récifs qui n’attendent que vous. Je les vois bien, il me reste environ 30 centimètres d’eau, je descends même sur les récifs pour pousser le bateau. Un semi-rigide cela passe partout ou presque…
Je fais marche arrière et repasse avec précaution le long des rochers. Ensuite je contourne par l’Est, le grand récif et finalement je suis en vue de la jetée de débarquement.
Un pied sur l’île,
Je suis accueillis par Kévin, un étudiant membre de « Bretagne Vivante » et gardien du Temple de cette île aux Moutons. Il protège les accès du site et bien sûr la tranquillité de milliers de couples d’oiseaux. Parmi eux la fameuse Sterne.
Pour plus de renseignements sur cette association vous pouvez cliquer sur ce lien présent.
Je me présente, et entamons une brève conversation. Ma démarche est de lui demander les endroits autorisés d’accès et exprimer mes besoins afin d’installer mon matériel. Nous sommes en juin, je retrouve la même ambiance que sur l’île du Pilier, face à Noirmoutier, l’an dernier. Nous sommes en pleine nidification, ça braille de partout. Si vous approchez de trop près, ils vous attaquent. Pour les repousser, il suffit de lever les bras et agiter une casquette. Cela n’évitera pas les fientes, qu’ils se feront un plaisir de lâcher.
Mon hôte retourne au comptage des ses milliers d’ oiseaux. Non ! Ce n’est pas une blague, j’y ai assisté. Il séjourne plusieurs mois sur cette île, il a des tâches précises et régulières sur le domaine. De la journée, nous aurons simplement deux personnes qui débarqueront afin de pratiquer un peu de pêche à pieds sur l’estran.
Le WX est capricieux aujourd’hui, le vent se renforce, le sable cingle mon visage et quelques gouttes arrivent. Finalement je plante mon dipôle sur la plage, tout s’envole. Pour le carnet de trafic, j’ai installé des pinces à dessin. Le papier ne tombe jamais en panne, ni le crayon bois…
« Sauvons nos phares » dans un article précédent j’ai déjà évoqué cette association qui milite pour la sauvegarde de notre patrimoine maritime. De nouveau le lien afin d’obtenir plus de renseignements. Cliquez ici.
C’est parti pour un run,
Je ne vous bassinerai pas avec la description du matériel, je l’ai évoqué à maintes reprises au travers des mes écrits.
C’est une première activation French Flora Fauna, que cette île aux Moutons. Le phare lui, a été finalement activé quelques fois. L’île est très calme, cela me change de Penfret activé en septembre dernier. Beaucoup de navires encore à cette période runs autour des îles.
Lors de votre arrivée n’hésitez pas à aller au devant du responsable des lieux. L’essentiel est l’harmonie des lieux, l’île, sa tranquillité, les oiseaux, puis vous… Et votre passion.
Je commence tard mon activation, sachant que certains fidèles m’attendent depuis pas mal de temps. Mais, ce n’est pas un rendez-vous de bistrot. Ils savent que la référence est rare et que l’accès par la mer est aléatoire. Je commence vers 11h30 locale et vu que la marée commande, le bateau est échoué, jusqu’à 17h00.
Les contacts commenceront sur le 40 mètres et j’enchaînerai sur la bande des 20 mètres moins perturbée. Parfois des porteuses se font entendre, ou des stations puissantes s’installent carrément sur la fréquence que j’occupe. Ce sont les mêmes crétins que, sur la route, dans nos familles ou dans le monde du Pro..
Pendant mon break repas, oui je sais mais, le nombre de qso m’importe peu. Comme je l’évoque souvent (je radote parfois), je ne joue pas à celui qui à la plus longue. Ce jour-là j’ai réalisé 180 contacts, cela me convient. J’ai profité pleinement de ce lieu sans en abuser de quoi que ce soit.
Séjour,
La photographie de gauche vous montre l’endroit où vous devez éviter d’atterrir, ceci pour deux raisons. La première, est la présence de récifs à fleur d’eau, à éviter afin de protéger votre compagnon d’expéditions. Finalement la seconde est très simple, des nids d’oiseaux sont présents sur la grève.
J’ai pris un peu de temps pour musarder dans les rochers découverts par la mer. Pas afin de pêcher mais, de regarder la nature et tous ces endroits balayés et maltraités par les éléments naturels. Comme toutes les côtes du globe, le paysage semble découpé aux ciseaux.
Sur la photographie de droite, les batteries de canons datant de la seconde guerre. Elles ont été démontées de leur socle et amenées sur la plage. Pourquoi ne pas les laisser en place ou, les déposer et recycler ? Nous verrons l’an prochain…
Pour ma prestation, je n’ai pas pris de risques. Quinze jours auparavant sur l’activation du FFF et de la « tourelle de Penerf » je me suis fait piéger par le soleil du 1er juin. J’ai protégé presque toutes les parties de mon corps, sauf l’arrière des jambes. Résultat, des brûlures assez sérieuses et de la Biafine pendant une bonne semaine. Ce coup-ci j’ai enfilé ma combinaison de nage et l’ai gardé toute la journée. Pas forcément à l’aise mais, je suis à l’abri.
Il est temps de rentrer,
Il est 18h00, la marée me donne le top du départ. Je prends congé de mon hôte et le remercie de son accueil et de sa pédagogie. Cette petite île est un sanctuaire, la liberté pour les oiseaux, notamment l’emblématique Sterne, et animaux en tous genres.
Le chemin du retour sera un peu plus rock’n’roll, la houle s’est formée. Des creux de 1,50 mètres sont en place. Le pneumatique est balloté, je dois tirer des bords pour éviter les embruns. Je tiens tant bien que mal les 6 nœuds et d’un seul coup, sur le sommet de la vague mon speedomètre enregistre 16 nœuds. Je me tiens bien droit et cramponne la barre. Pas de grand danger, je porte mon gilet automatique, la VHF autour du cou, le coupe moteur au poignet.
De plus je passe au large du sémaphore de Mousterlin, un navire militaire est en vu, à quelques encâblures du mien. Je dois être dans les jumelles. Finalement je pose le pied sur le sol vers 19h00, bien content d’arriver. Comme d’habitude je suis en solitaire, donc gérer tout le reste. Le gros avantage est que : Je ne mets la vie de personne en danger…
Voilà c’est terminé, quel bonheur d’avoir eu la chance d’activer cette île aux moutons. Un Flora Fauna et un phare célèbre. J’en ai rêvé pendant des semaines.
Merci d’avoir lu ce petit article qui je l’espère vous incitera à essayer d’activer ce site. J’ai réalisé une petite vidéo, qui suit, sans musique de fond. Il y a juste les cris des Sternes et le son lancinant du vent qui m’accompagna tout au long de la journée.
Rappel des références activées ce jour. La référence French Flora Fauna, FFF-2264. Le phare, FRA-043.
73/44 Chris