Phare de Regnéville sur Mer
Nous sommes de nouveau dans le Cotentin, département de la Manche. Précisément sur la commune de, Regnéville-sur-Mer, http://www.regneville-sur-mer.fr/, sur la façade Ouest du département. La commune se situe, à la louche, entre Bréhal et Agon-Coutainville. Pour le reste c’est cartes routières ou GPS. Commune de 850 Ha, comprenant environ 738 habitants, elle en comptait, plus de deux mille en 1860. La courbe démographie décline depuis cette date. Nul besoin de préciser que les trois guerres n’ont rien arrangé. La commune est aussi inclus dans une zone Natura 2000* et ZNIEFF**. Il y a de quoi faire le bonheur des sportifs en tous genres et des Radio-Amateurs activant de FFF.
Nous sommes donc, dans l’un des huit havres de l’Ouest du Cotentin.
- havre de Carteret
- Le Havre de Portbail
- Aussi le havre de Surville
- Le havre de St Germain-sur-Ay (ou Lessay)
- Le havre de Geffosses
- Puis le havre de Blainville
- Puis le havre de Regnéville-sur-Mer
- Enfin le havre de La Vanlée
Ce havre accueille deux rivières « La Soulles » et « La Sienne » d’une longueur de 90 kilomètres pour la seconde. Lorsque vous arrivez par la route départementale de Bréhal en direction d’Agon-Coutainville. Vous pouvez apercevoir leur confluence au niveau du « pont de la Roque »
Site de l’ancien pont de La Roque
Pont de La Roque détruit en 1944
Les troupes alliés mirent deux mois, plus de vingt bombardements afin de détruire trois arches du pont.
Sur votre gauche vous pouvez admirer ce splendide panorama sur l’océan et ses immenses bandes de sable.
Havre de Regnéville-sur-Mer et sa protection du littoral, Natura 2000, ZNIEF
Havre de Regnéville-sur-Mer à BM
C’était hier
Les origines connues du village remonterait à la période Viking. En vieux norrois Ragnarr, du nom d’un chef Vikings de Rollon. Regner en vieux danois serait retenu comme possible. L’endroit était propice à l’échouement des navires à l’abri des éléments naturels dans le havre. Plus tard et de nos jours ces faibles profondeurs posent problème.
A l’abri aussi des envahisseurs éventuels à partir du 12ème siècle suite à la construction de son château-fort. De Guillaume le Conquérant (1028-1087) jusqu’à la guerre de cent ans, celui-ci changera de pays à maintes reprises de résident.
Château de Regnéville-sur-Mer
Pulvérisé par ordre de Louis XIII sous couvert de Richelieu
Cette guerre de cent ans qui opposait le royaume de France à l’Angleterre de 1337 à 1453 environ. Ils effectuaient bien sûr des pauses, des sortes de mi-temps ou ressourcements. Cela ne s’appelait pas des « Burnout » mais, cela y ressemblait. L’endroit servait de base arrière aux navires de Henri V, roi d’Angleterre dans la période de 1410/1420. Celui-ci rêvait de conquérir le Mont St Michel qui résiste depuis longtemps a ses troupes.
En l’an 1450, à l’issue de la bataille de Formigny, village proche d’Omaha Beach. Renvoi des anglais à la maison. Le château entre dans le giron du royaume de France. Celui-ci continuera de changer de locataire, la région est protestante et le château y joue un rôle central. Sa structure souffre aussi des assauts de la nature et de l’océan particulièrement.
Les conflits impliquant les religions sont toujours nombreux. La Rochelle bastion important de l’église réformée est la cible du roi Louis XIII. La cité bénéficie du soutient de l’Angleterre. Le siège durera plus d’une année du 10 septembre 1627 au 28 octobre 1628. Après la capitulation et la mise en déroute du complot protestant de Regnéville-sur-Mer. le roi Louis XIII ordonne la destruction des ouvrages ennemis afin d’assoir son autorité et celle de son ministre le Cardinal de Richelieu.
Suite et fin
Le traité de paix d’Alès en 1629, autorise la liberté de culte mais décide aussi la destruction de toutes les places fortes protestantes. Le château de Regnéville-sur-Mer voit son donjon rempli de poudre et détruit. Il se pulvérise et ébranle tout le village.
La massive église et son clocher tronqué
Vue de la rue des fours à chaux
L’église Notre-Dame de la commune date du 13ème siècle. Elle était aux premières loges lors de l’explosion du château, des pans entiers échouèrent dans le cimetière encadrant celle-ci. Elle est inscrite aux monuments historiques depuis 1937.
En redescendant la rue l’on peut observer un ouvrage quelque peut en abandon, en ce mois de janvier 2021. Il s’agit du lavoir communal de la petite cité, un « lavoir à marée ». Comme vous pouvez l’appréhender, il est construit d’une telle façon que l’océan l’alimentait. Il fallait pour cela le placer judicieusement entre le château et l’océan.
Lavoir à marée de Regnéville-sur-Mer
Du lavoir, vue sur l’église et le château
Le Port et phare
Le havre connait une présence humaine depuis sûrement fort longtemps. Le commerce avec les îles anglo-normandes étaient important. Les foires d’Agon-Coutainville puis de Montmartin génèrent des transits de marchandises. Du charbon et du vin arrivent dans le havre. Etant un fief « rebelle » au pouvoir en place, des armes et équipements de guerre en général sont présents.
Des taxes se perçoivent entre le havre de Regnéville-sur-Mer et le cap Fréhel afin d’entretenir son phare (tour à feu à l’époque) en 1717. Ce port étaient un des plus important du Cotentin.
Havre de Regnéville-sur-Mer en BM
Le havre et la Pointe d’Agon
En revanche, son point faible est l’ensablement des lieux. Deux heures après le flot, le navires s’échouent, commode pour les drakkars à fond plat, moins pour les bisquines. En 1322 le bailli* du Cotentin constate que les vaisseaux doivent s’alléger à la hauteur des îles Chausey. Ce problème est en fait commun à tous les Havres, Estuaires ou Rias. Des digues et jetées en tous genres seront construites par les humains mais, rien y fait.
Selon un rapport de **Phélyppeaux de Pontchartrain en 1694. Seul les bâtiments inférieurs à douze pieds peuvent pénétrer dans le havre. Seules les barques de 30 à 50 tonneaux y naviguent. Que quelques jours par mois avec la lune et les vives eaux.
Il faut préciser qu’à l’époque , la pointe d’Agon-Coutainville n’existe pas, le phare actuel est en bordure d’océan. Un autre commerce florissant aussi, les huitres. Elles se trouvent en abondances et se ramassent depuis des siècles. Des parcs seront en place et Regnéville-sur-Mer est précurseur en la matière.
Trafic important aussi, « Les 4 fours à chaux du Rey ». Ils fournissent des pierres à chaux pour l’agriculture et importent charbon du Pays de Galles. Ceux-ci seront très actifs jusqu’au début du 20ème siècle, en 1914. Un rapport de 1871 fait état de 21.000 tonnes de marchandises en échanges. Et pour terminer ce liste non exhaustive, les terre-neuvas ces navires qui partaient pêcher la morues dans les lointaines mers. Cela génère de nombreux métiers.
L’ancienne gare de Regnéville-sur-Mer
De vastes pâtures de prés-salés
Le fanal ou phare
L’important trafic de marchandises, entraine un nombre de navires croissant, donc des risques pour les intervenants. Le gare de chemin de fer participe grandement aux transports. Ancienne ligne très active de la commune d’Orval à Regnéville-sur-Mer (terminus). Comme partout les marins ont besoin de repère, de jour, le château sert d’amer. En revanche la nuit ou dans les sombres hivers, difficile de naviguer dans ce havre capricieux.
Phare de Regnéville-sur-Mer
Phare de profil
En 1852, installation du fanal de Regnéville-sur-Mer, savoir s’il était sur ce bâtiment, je n’en sais rien du tout. Sur la photographie de gauche l’on aperçoit l’ancienne cale du port qui donne en 2021 sur des champs prés-salés. Le bâtiment du fond est l’actuel Hôtel de la Baie, déjà présent en 1905, ancien restaurant « Tasse » débit de boissons et tabacs.
En 1855 débute la construction de la maison phare de la pointe d’Agon-Coutainville. Elle se situait à l’époque en bordure de l’océan. De nos jours en 2021, elle est reléguée à plus d’un kilomètre du rivage.
Une prévision de création d’un alignement lumineux se dessine en 1877. L’accès maritime au havre étant très aléatoire. Cet alignement se justifie par le nombre de terre-neuvas et autres navires circulant dans les parages.
Le projet par un « ingénieur ordinaire » des ponts et chaussées. Il préconise l’emploi d’une « Tourelle à pieux vissés ». Ce sont des tours en métal avec trois, quatre voir plus de pieux vissés dans le sable. Des tours dans le style de celle de Walde, entre Calais et Gravelines. Installée en 1859, elle est toujours présente en 2021.
Le projet ne verra jamais le jour, le pauvre, un subalterne qui a des idées, c’est le monde à l’envers pour l’époque…
Phare de Regnéville sur mer, 7h00 du matin
Matin d’hiver de Janvier, 7h00 du matin
Pour terminer
Les caractéristiques de ce fanal sont donc une maison de six mètres de hauteur et une altitude de 9 mètres. Malgré sa taille modeste ce faisceau lumineux de couleurs « White, Red and Green » d’une portée de 12, 9 et 9 miles nautiques. De nuit vous pouvez apercevoir plusieurs faisceaux à partir de la cale. Celui de Granville, de la Pointe d’Agon-Coutainville et le Sénéquet. Très utile pour les navires ayant il faut dire une prédominance plaisancière.
Merci d’avoir pris le temps de parcourir cet article, à bien sur l’air. Une grande partie des données viennent du petit fascicule ci-dessous édité par l’association locale « Lùndi » de Regnéville-sur-Mer
Première couverture du fascicule
Quatrième couverture du fascicule
Quelques une de « mes ressources phares »
*Représentant du roi ou d’un seigneur
** Le fascicule sur Regnéville-sur-Mer de l’association locale « Lùndi »