Regard sur cent ans d’existence

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Entrée en matière,

Regard sur cent ans d’existence. Eh ! Oui, sa conception à commencée en fin d’année 1917. Les troupes américaines débarquées à Saint-Nazaire fin juin 1917, vont très vite rejoindre les jours suivants la campagne de Savenaisienne. Sur cette commune de 3200 âmes environ, (sans les bêtes), va s’ériger un des plus grands hôpitaux de la première guerre mondiale. Peut-être le plus grand… De juillet 1917 à Juin 1919, sa capacité d’accueil passera de 300 à 25 000 lits*. Tout a commencé dans l’école normale de la ville construite en 1912. Celle-ci va rapidement s’avérer trop étroite.

La présence des troupes américaines sur Savenay*, sera d’environ 6500 personnes en mai 1919. Du 1er mai 1918 au 1er mai 1919,environ 90 000 patients seront traités.

Fort de cela la logistique est impressionnante, de grands besoins en électricité et surtout en eau se font sentir. Pour l’eau cela passe par la création et l’édification d’un réservoir d’eau et barrage dans la Vallée Mabille. Environ mille hectares seront réquisitionnées, sur quatre communes afin d’édifier toutes ces infrastructures. J’espère que cela explicite quelque peut, le titre de l’article. Regard sur cent ans d’existence.

1,52 mètres de largeur au sommet

1,52 mètres de largeur au sommet

Lac de la Vallée Mabille en amont

Lac de la Vallée Mabille en amont

 

 

 

 

 

 

 

 

C’est parti (comme en 14),

Les préparatifs et travaux réels commenceront en novembre 1917. Une fois terminées les tracasseries administratives, idéologiques, des autorités françaises de tous bords et provenances. L’on dit souvent que, « c’était mieux avant », remarque très française et bien, une autre était usitée par nos décideurs, « Cela ne marchera jamais »… Finalement le rouleau compresseur américain malgré tout.

Ces grands travaux seront confiés au Major Hawley, il sera maître d’œuvre et d’ouvrage. A son actif plus de trente projets déjà réalisés. En novembre 1917, la route du lac actuelle menant au point du jour, à l’Est de la commune, est sur-élevée de 6 mètres. Ce 12 novembre commence aussi les fondations du futur barrage.

Les travaux vont durer environ, trois à quatre mois. Un petit record, pour l’époque.

e coin approprie en 2017

Le coin approprie en 2017

Quelle belle courbe...

Quelle belle courbe…

 

 

 

 

 

 

 

 

Ses mensurations,

C’est un peu comme les phares et les humains, chacun a un rôle à tenir et est utile à tous. Bien sûr, nous ne parlons pas d’un immense barrage alpin édifié après la seconde guerre mondiale. En revanche, cet ouvrage de 125 mètres de longueur, est de type « voute », peut-être une première en France. Il repose sur un sol granitique, constitué de béton armé, peu utilisé à l’époque. Ce conglomérat est arrivé dans le pays, notamment sur les phares. Certaines tourelles, ont été édifiées avec ce matériau, trois fois moins cher. Notamment celle du Pignon, dans les côtes d’Armor, en 1877. Il servait aussi à consolider de « beaux phares connus » en pierres séculaires, menaçant de basculer.

L’épaisseur à sa base est d’environ 4,80 mètres et, au sommet 1,60 mètres. Sa capacité est d’environ 800 000 m³. Il a fallu noyer une zone de 23 hectares.

La main d’œuvre était d’une part locale, avec des paysannes robustes, les vieillards et infirmes eux, cassaient les pierres à la carrière. D’autre part, des civils espagnols, français non incorporés et des prisonniers de guerre. Tout cela sous la houlette des soldats américains.

Les travaux réels de l’édification du barrage ont démarrés en janvier 1918 et la dernière pierre posée le 10 avril de cette même année.

Enfin pour conclure cette courte description. Les eaux de l’ouvrage étaient envoyées deux kilomètres en amont, à l’aide de grosses pompes. Celles-ci étaient stockées dans un nouveau château d’eau construit pour la circonstance. Il a fallu aussi construire une station d’épuration capable de traiter 2300 m³ par jour.

Vue côté hippodrome

Vue côté hippodrome

L'arrière du réservoir

L’arrière du réservoir

 

 

 

 

 

 

 

 

Bah ! Et la radio dans tout cela…

Oui, bien j’arrive, y-a pas le feu au lac… De Savenay, humour de chez nous. Chez les Radio-Amateurs, tout est prétexte à utiliser une station radio partout, même dans les endroits les plus insolites. Pour certains, ce sont les châteaux, manoirs, les sommets de montagnes, certains réalisent des contacts sur le sommet du Mont-Blanc. D’autres avec des lycées, échangent avec la station ARISS. Pour ma part, ce sont les phares qui ont la priorité.

L’objectif est simple, le plaisir et faire connaitre notre riche patrimoine historique et culturel. Tout cela bien sûr sanctionné par des diplômes, suivant le nombre d’ouvrages d’art activés, ou chassés.

Regard sur cent ans d'existence

Regard sur cent ans d’existence

La station radio en place

La station radio en place

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Il existe aussi une autre activité et bien entendu diplôme, ce sont les ouvrages hydrauliques. L’activation radio en portable, pédestre ou autres en est identique. Comme sur la photographie au-dessus à gauche, il s’agit du DOHF (Diplôme des Ouvrages Hydrauliques de France). Celui-ci regroupe les barrages, écluses, et toutes sortes de bâtiments liés à l’eau, sous réserve d’acception par le comité de gestion. Toujours afin de faire connaitre notre patrimoine architectural et historique.

Bien, pour le second cela tombe bien, 1917. Il faut reconnaitre que le barrage de Savenay, quelque part, il faut buter dessus…Pour le trouver.

Le jour « J »,

Il n’y a pas que le DDay, dans la vie. J’ai décidé de faire honneur à ce petit barrage, un peu perdu dans la nature. Un peu comme mes tourelles de béton, en mer où dans les Ria, protégeant nos navigateurs.

Cette activation va se faire à vélo, muni de sa remorque. Celle-ci est chargé la veille  à l’aide du matériel habituel. Batterie, le Booster MFJ, le FT857 de chez Yaesu, un casque pour d’éventuelles perturbations externes. Le mât Sotabeam télescopique, plié 0,65m et déployé d’une hauteur de 10m. Deux dipôles, un 80/40/20m et un second 40/20m, tout dépendra de mon heure d’arrivée.

Balise APRS de la station

Balise APRS de la station

La station est en place

La station est en place

 

 

 

 

 

 

 

 

Bien sûr j’emmène le petit matériel habituel, ruban adhésif, ficelle et ferlettes afin de pouvoir pallier à toutes sortes d’inconvénients de dernière minute. Dans la remorque se trouve aussi la balise APRS, permettant aux « Chasseurs » de suivre mon périple en direct.

Chez nous, en ce moment le jour se lève péniblement vers 08h00. J’attends tranquillement l’heure afin de ne pas me mettre en danger. A cette occasion les « caisseux » se rendent à leur travail… Finalement après les dernières vérifications, notamment de l’éclairage, je me met en route. La température extérieure est de 2° et une petite brise de NordEst me chatouille le museau. Je n’ai pas froid, afin de me protéger de celui-ci, j’ai mes gants et cagoule de moto. Ce n’est pas esthétique mais, efficace.

La route se passe bien malgré le flot de véhicules. Le dernier kilomètre est à 7%. Finalement j’arrive sur place en sueur et commence à enlever des couches de vêtements.

Activation,

Je n’emploie pas de 80 mètres étant donné que la matinée est bien avancée. Le début des contacts se passe sur 40 m, 7080 Khz. Il faut avouer que la bande est bien occupée et difficile de se faire une petite place comme station portable.

La station devant le barrage

La station devant le barrage

Le Guignol et la station

Le Guignol et la station

 

 

 

 

 

 

 

 

Je ne suis pas très loin des émissions numériques. Début du run vers 09h30, heure française. Les amis belges sont déjà à l’écoute et répondent présent dès la première minute d’appel. J’ai pris soin de me préparer un café en amont, cela évitera de me faire avoir. Lors de ma dernière activation, le pile-up a démarré vers 9h00 pour finalement se terminer vers 13h00. Aucun temps mort, même pour une escale technique. La propagation n’est pas mauvaise, les reports à 59/+10+20 ne sont pas rares.

Le dipôle fonctionne à merveille, même avec les tunes habituels, afin que certains rappellent qu’ils sont présents…. Ce coup-ci, pas de VHF ou UHF, dû au fait faite que je sois au pied d’un barrage, en béton, cerné de conifères. Pas terrible pour ce type d’émission. Le seul petit endroit dégagé, l’est vers l’Ouest, sachant que 20 kilomètres plus loin c’est l’océan…

Malgré les perturbations et le QSB présent, les qso s’enchaînent peu à peu. L’avantage avec les activations du DOHF, le minimum de contacts est de 50. Ce qui est bien pour nous les stations portables.

Activation suite et fin,

La matinée passe très vite. Après le gastro et un peu de marche afin de se détendre. Je suis à la tête de plus de 80 qso, à la reprise donc à l’abri pour la validation de la référence. Il est hors de question pour moi de retourner une seconde fois activer la même référence.

Vue Nord du Barrage de Savenay 44

Vue Nord du Barrage de Savenay 44

Vue plein Sud du barrage

Vue plein Sud du barrage

 

 

 

 

 

 

 

 

L’après-midi sera consacrée à la bande des 20m, après réglage du dipôle tri-bandes. Ce sera vraiment rock’n roll, de puissantes stations s’installent sans vergogne sur ou à proximité immédiate de la mienne. Après une bonne heure de contacts sporadiques, je démonte le matériel vers 15h30. Une petite centaine de contacts en poche.

Ici, en cette période le soir tombe vite. Donc à vélo ou deux roues, en général, c’est comme un hérisson sur une autoroute…

Heureusement il n’y a que 9 kilomètres de faux-plats montants. Je passe des marais au sommet du sillon de Bretagne.

Je suis très fier à titre personnel d’avoir rendu hommage à ce petit barrage centenaire et ô combien utile de Savenay. Cela m’a permis de le faire connaitre aux OMs français et étrangers jusqu’en…Russie.

Merci pour votre patience et au plaisir de se lire ou entendre sur l’air.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

* Sources documentaires prisent dans un excellent ouvrage, rédigé par l’association, « Les amis de l’histoire de Savenay », en vente dans toutes les bonnes librairies