Les sentinelles de l’île de Groix
Les sentinelles de l’île de Groix,
Les sentinelles de l’île de Groix, nous repartons dans le Morbihan, dans la région de Lorient. Si vous regardez vers l’Ouest, face à vous, l’Amérique, comme disent certains. Mais, entre les deux suivant le WX, un mince filet de couleur sienne brûlé, ocre jaune ou terre brûlé se détache sur l’horizon. Oui c’est l’île de Groix, huit kilomètres de longueur sur 2 à 3 de large. Discrète mais, bien présente, si intrigante, un peu comme lors de notre enfance, l’île Noire d’Hergé.
Nous vous y fiez pas, elle est quand même à 14 miles nautiques du continent. Pour s’y rendre bien sûr il suffit de prendre le ferry. Je ne parlerai pas de prix, vous avez internet chez vous, servez-vous en. En revanche, nul besoin d’avoir Bac+5 pour savoir que, les prix intéressants, le sont lors la morte saison, de novembre aux vacances de Pâques. Hormis les zones de fêtes.
Compte-tenu de mes activités radio, je dois passer mon véhicule. Prenez le plus court possible, nous ne sommes plus au CM2, ni à la fac. Ici plus c’est court, moins c’est cher. Pour le reste, pas de produits inflammables, dangereux, les animaux paient, les enfants aussi ….
La traversé dure environ quarante cinq minutes, il file aux alentours de 20 nœuds, en tenant compte du WX marin.
La route est à nous,
Allez c’est parti, d’abord il faut s’affranchir de la rade Lorient et de son trafic nautique. Entre les bateaux à voile, les frimeurs en hors-bord, les cargos et navires militaires. La prudence s’impose immédiatement.
Nous filons au 217° sur l’alignement de Kernével, laissant l’île Saint Michel sur bâbord.
En fait, du balisage maritime, il y en a partout, à faire tourner la tête. Bref nous laissons Kernével sur tribord et filons en direction de la citadelle de Port-Louis.
La citadelle de Port-Louis fière et imposante construction à l’entrée de la rade éponyme. Ce joli bâtiment, possède un sémaphore et un musée de la compagnie des Indes très intéressant. Je vous conseille de passer un peu de temps dans cette jolie cité de caractère, comme disent les locaux.
Une petite précision s’impose, je n’ai pas inventé ces noms de tourelles. Ceux-ci sont authentiques. Mais ce n’est rien, je ne vous ai pas évoqué les doux noms de, Écrevisse, Basse de la Paix, Paté du cheval, Les Truies et j’en passe…Prenez une carte du SHOM et vous comprendrez.
Capt’ain, île en vue,
Déjà quarante minutes de passées, les sisters de l’île de Groix apparaissent. Elles ressortent bien dans le ciel de port Tudy que je découvre pour la première, à 63 spires.
Les sentinelles de l’île de Groix. Port Tudy, Joli nom pour un lieu, celui de Saint Tudy. Celui-ci arriva avec l’immigration des Bretons de la « Grande Ile ». Avant l’arrivée des bretons, l’île était occupée depuis 20 siècles avant JC. Saint Tudy serait arrivé sur un navire de pierre au 6 ème siècle de notre ère. Celui-ci, d’après l’histoire locale se situe sous la forme d’un menhir, sur le lieu-dit « l’Apéritif » sur la route du Ménée.
Ensuite l’île fût occupée par des Vikings trois cent années plus tard. Une tombe l’atteste sur la plage de Locmaria. Comme beaucoup d’îles du littoral, des ennemis de toutes les sortes croisèrent les environs. Les navires anglais ou hollandais ne se génèrent pas notamment au 17 ème siècle. Plus tard bien sûr les Groisillons et Groisillonnes paient un lourd tribu au deux grandes guerres.
Pour se rendre dans le bourg, il faut gravir un méchant faux plat montant. Sur le parcours des haltes sympathiques permettent de faire des pauses. Il faut reconnaître que la technologie moderne vient au secours du quidam avec, les VAE. Malgré cela, les mollets s’en souviennent.
Arrivée sur le bourg de Groix,
C’est une place de village comme dans toutes les campagnes de France. Il y a environ 2400 habitants sur l’île. Répartis sur une multitude de petits hameaux plus ou moins peuplés. Pendant l’été, il suffit de multiplier par deux ou trois. Compte-tenu de l’étroitesse des rue et routes, la voiture peut-être gênante, l’idéal étant le deux roues motorisé ou pas…
Comme je vous l’évoquais auparavant les îliens ont payés un lourd tribu à l’océan et afin de défendre le pays au travers de conflits multiples. Concernant la pêche, le port abritera jusqu’à trois cent bateaux thoniers, les fameux « Dundées » de Groix. Mille cinq cents marins travaillaient pour le thon et Groix de ce fait était le premier port thonier de France. Mais tout cela fatalement à un coût très élevé pour ceux-ci.
Sur la petite île cinq conserveries employaient la population et en 1914 la population tournait autour de cinq mille âmes.
Mais comme cité auparavant les conflits mondiaux mirent à contribution les îliens. Elle perdit beaucoup d’hommes dont, le célèbre Barde breton, Yann-Ber Calloc’h.
Trois lieues au large jetée,
à trois lieues de la Grande Terre,
Mon île se dresse noire
au milieu de la mer verte…
Ce poète breton né sur l’île, le 21 Juillet 1888 est tombé sur la Somme comme beaucoup de nos compatriotes le 10 Avril 1917. Pulvérisé par un obus dans le bois d’Urvilliers, aux alentours de Saint Quentin. Je vous conseille ses poèmes d’une grande puissance. « Hommes de la mer, rudes hommes de métier », Bretagne primitive et maritime, obstinée et libre…*
Enfin étant qu’un modeste amateur, ni historien ou scientifique, cela se saurait, j’ai acquis un ouvrage fort intéressant à la librairie du bourg. Le titre, « Une île et un poète »** dans la Grande Guerre, Groix et Jean-Pierre Calloch, édité par le musée de l’île de Groix.
Et les phares !!!
Minute papillon, nous y arrivons. L’île bien sûr est parcourue de long en large par les activités pédestres. Certains viennent y passer la journée, le weekend ou la semaine. Le tout de l’île ferait de ouïe dire, trente kilomètres.
Sur celle-ci vous pouvez apercevoir deux forts à chaque extrémité de l’île. Ces deux forts nommés respectivement « Fort du haut Grognon » et « Fort de Surville » sont construits en 1744, ceci afin de repousser la multitude d’agresseurs.
Ces deux fortins traînent une forte mauvaise réputation historique, pas forcément connus des marcheurs rapides du sentier côtier. Lors de la Grande Guerre, nos autorités décidèrent d’interner tous les ennemis du pays. On les appelait les « Indésirables ou Indigents » . Cela concernait notamment, Les ressortissants d’Alsace-Lorraine, citoyens allemands, autrichiens, polonais, hongrois etc…
Ces deux fortins firent partit des soixante-dix « dépôts » servant à l’internement de ces personnes. Mais j’en reparlerai lors de futurs articles sur l’activation radio-amateur de ces lieux magnifiques.
Comme toutes les parties du globe, le problème c’est l’eau. L’île repose sur de la roche et pas facile de sortir de l’eau. Vous trouverez une multitude de lavoirs, de fontaines et de sources. Vous trouvez moult de ces petits ouvrages, dans la trentaine de hameaux de l’île.
Au début du vingtième siècle, plus de cinq milles habitants s’approvisionnant dans les rus et puits. De nos jours un peu plus de deux milles habitants et une surveillance active de la ressource. En 1967, près de Port-Lay, l’érection d’un barrage hydraulique sur la rivière Melin.
Nous ne sommes pas dans les Alpes mais, c’est comme les hommes et les phares. Ce qui compte ce n’est pas la taille mais le rôle de chacun.
Ses mensurations, la longueur est d’environ 70 mètres et sa hauteur de 17 mètres. Il retient environ 180.000 m³ d’eau afin de nourrir les îliens. C’est un barrage de type « Poids », de ce que j’ai vu, c’est du béton.
Enfin, les phares,
Les phares sont au nombre de cinq sur l’île de Groix. Au risque de me répéter, je raisonne comme les anglo-saxons, un support et une loupiote. Compte-tenu de l’état de nos phares, c’est catastrophique, donc pas de fine bouche.
Dans ce petit article, je ne viendrai pas sur l’historique complet de nos cinq sentinelles. En revanche comme de coutume, cela sera développé lors de chaque article d’activations.
Ces sisters comme je les nomme sont présentes depuis le début de l’année 1893. Elles en ont vu des Dundées défiler. Cinq conserveries de thon sur l’île et près de trois cent bateaux stationnaient sur place. Les travaux de celles-ci, étant sous la responsabilité de Mr Léon Bourdelles (1838-1899).
Le phare de la « Pointe de la Croix » serait, le plus petit phare de France avec ses quatre mètres de hauteur. Personnellement je pensais que c’était celui de la « Pointe du Scal » sur l’estuaire de la Vilaine. Construit en 1898, il est le troisième spécimen de la pointe de la Croix. Nous y reviendrons plus tard.
Le phare de la « Pointe des Chats », je trouve que c’est la honte de cette jolie île. Elle mérite mieux que cela. De plus les autorités locales, avec un air militaire, ont le culot de vous dire de ne pas dégrader les lieux hihihi. J’espère que les années à venir seront plus roses pour l’édifice car, les lieux sont fantastiques. Ce fanal occupe ceux-ci depuis 1898.
Les clichés sont conformes aux dépliants touristiques et promotionnels. Je n’y fait pas figurer, le garage, sa porte défoncée, les tags, les fenêtres clouées de planches, peintures pourries. En gros mon enfance à Barjoland.
Au large de cette pointe, en 1887 fût installé une expérimentale « Bouée sifflet » sur les récifs de « La Basse des Chats ». La houle actionnait un piston qui insufflait de l’air dans un sifflet. Très utile en période de brouillard.
Enfin pour terminer,
Le phare de « Pen Men », appelé aussi « Grand phare » par les îliens. Magnifique ouvrage mis en service en 1839. Phare de premier ordre, de par sa portée optique. Nous y reviendrons plus longuement. Pour lui, c’est du luxe, même un gardien sur place et super entretenu.
Nous terminons ce modeste tour d’horizon d’une petite « Grande » où j’ai rencontré des îliens forts accueillants et des caractères authentiques.
Merci d’avoir pris le temps de parcourir cet article et à bientôt pour la lecture des activations et historiques de ces jolis sites.
*Fascicule de Bernard Rio, intitulé Groix aux éditions J.Paul Gisserot
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