Phare de Kermouster, chenal de Ferlas

Phare de Kermouster, chenal de Ferlas

Nous continuons notre périple des phares et fanaux dans un lieu pittoresque. Les navigateurs, marcheurs, sportifs et contemplateurs de nature, faunistique et floristique s’y côtoient. C’est une zone protégée le long d’une rivière qui se nomme Trieux ou Pontrieux suivant les périodes de l’histoire. Ce territoire a bien sûr souffert lors des périodes noires de notre histoire.

Nous sommes sur le territoire de Lézardrieux en Côtes d’Armor, face à l’île de Bréhat et de Paimpol. A quelques encablures du magnifique Sillon de Talbert. Le célèbre sentier des douaniers portant la référence GR-34 passe sur la colline et sur l’estran. A une époque assez reculée, milieu dix neuvième une cabane de Douane était en place sur Kermouster.

Phare de Kermouster à Lézardrieux

Phare de Kermouster à Lézardrieux

Aperçu du chenal de Ferlas et du Trieux

Aperçu du chenal de Ferlas et du Trieux

 

 

 

 

 

 

 

 

Bien sûr que ce petit fanal ne paie pas de mine, les aficionados de vrais phares seront déçus. Il faut de tout, et ce fanal est très utile aux navigateurs nocturnes.

Kermouster,

Le hameau de Kermouster est très ancien, certains évoquent le néolithique. Quoiqu’il en soit c’est un groupement de quelques maisons de pêcheurs à l’origine. Sa jolie chapelle construite au milieu du 18ème siècle, en 1740, elle abrite de magnifiques ex-voto. L’un d’eux serait le plus ancien de l’hexagone.

Avant cette chapelle, il existait un oratoire du 12ème siècle dont les constructeurs semblent inconnus. L’ origine remonte des lieux remonterait à Saint Maudez un moine évangéliste irlandais. Il débarque avec deux disciples près de Pleubian à Port Béni, saint Budoc et saint Tudy après trois jours de mer.

La chapelle deviendra bien nationale à la révolution française. En 1953 elle devient propriété de la commune de Lézardrieux. De nombreux liens parsèment la toile et le choix est varié.

Le hameau de Kermouster à l’embouchure du Trieux (Pontrieux) en venant de la Manche était une aide à la navigation des nombreux navires.

GR 34 de Lézardrieux à Kermouster

GR 34 de Lézardrieux à Kermouster

Le Trieux et Ferlas à Basse Mer

Le Trieux et Ferlas à Basse Mer

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Chenal de Ferlas,

En terme de signalisation maritime, le site de Kermouster est en lien avec le Chenal de Ferlas. Ce chenal cartographié depuis des siècles de navigation permet de relier Paimpol à la rivière Trieux. Ensuite soit vous prenez l’océan vers l’Angleterre soit vous remontez le fleuve vers Lézardrieux puis Pontrieux.

Carte marine de Brehat par Bailly Gallica

Carte marine de Brehat par Bailly Gallica

Carte marine du Pilote Français de 1837 Gallica

Carte marine du Pilote Français de 1837 Gallica

 

 

 

 

 

 

 

 

Il n’est pas toujours facile de trouver des ressources historiques. Pour ces lieux première découverte de ma part, la rivière Trieux au 18ème siècle s’appelait rivière de Pontrieux.

Le chenal de Ferlas figure sous différentes appellations au fil des siècles. Sur les cartes marines vous trouvez les noms : Route et passe de la rade de l’Est et route de Ferlas en 1770. Ensuite Chenal Est-Nord-Est, puis Canal de Ferlas en 1682 par Pallé (surement l’auteur de la carte) et enfin Chenal de la Ferté.

Le lieu de Kermouster est stratégique, il attire l’attention du célèbre Vauban (1633-1707), l’abri côtier pouvait recevoir environ 300 navires de guerres. En dépit de l’important marnage, les profondeurs d’eau à basse mer sont importantes. L’installation d’un port militaire important est dans les cartons, de nombreux bâtiments s’y abritent après des raids.

Le chenal et les abords de l’ile de Brehat étaient bien balisés. Sur la colline de Kermouster et dans l’axe du chenal figure un amer remarquable. Il devait s’agir d’un très grand arbre, il figure sur la carte de gauche au-dessus. Au pied de la colline, sur l’île à bois, un amer de couleur blanche était et toujours présent.

De nos jours,

Actuellement le chenal de Ferlas est visible par deux fanaux et lumineux. Le  fanal de Kermouster vu précédemment, et celui de Roc’ Quinonec face à la commune de Loguivy sur mer.

Le Fanal de Kermouster depuis le canal de Ferlas

Le Fanal de Kermouster depuis le canal de Ferlas

Fanal de de Roc' Quinonec devant Loguivy

Fanal de de Roc’ Quinonec devant Loguivy

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Bien sur de nombreuses tourelles lumineuses ou pas balisent le chenal. Beaucoup étaient présentent dans les siècles précédents sous forme de piliers ou perches rouges ou noires. Les noms éponymes souvent des lieux comme, Cadenenou, Basse de Logodec, Les Piliers, ou Roc’h Ournelec. D’autres, La petite pierre noire ou Vif-argent, Rompa bien sur mais sous forme de perche rouge et la vieille de Loguivy.

Tourelle Vieille de Loguivy

Tourelle Vieille de Loguivy

Tourelles Olénoyère, Le Vincre et phare de La Croix

Tourelles Olénoyère, Le Vincre et phare de La Croix

 

 

 

 

 

 

 

 

Fanal de Kermouster,

Revenons à on petit phare de Kermouster, le moins que l’on puisse dire c’est qu’il est récent. Construit en 1978, en maçonnerie classique, du parpaing de 20 et un enduit type industriel gobetis grossier, peinturluré de blanc.

Phare de Kermouster

Phare de Kermouster

Plaque signalétique du Feu de Kermouster

Plaque signalétique du Feu de Kermouster

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Concernant les mensurations de cet ESM , elle sont vraiment modestes, deux mètres de hauteur, un faisceau tricolore. Il est à seize mètres d’altitude. La portée du White est de dix miles nautiques. Pour le Red and Green celle-ci est de huit miles. C’est feu à éclats réguliers toutes les deux secondes. Il est automatique.

Pour ce qui est de son jumeau, le fanal de Roc’ Quinonec, comme évoqué précedemment il se situe sur le chenal de Ferlas et le territoire de Louvigny de la mer. Il fonctionne à douze mètres d’altitude, il est fait d’une potence en acier et mesure six de hauteur. Il est autonome et comme Kermouster, le White à une une portée de dix miles nautiques. Idem pour le Red and Green elle est de huit miles nautiques. En revanche contrairement à Kermouster, il est à scintillement continu et non à éclats afin de les différencier.

Pour terminer,

Lors de mes séjours il m’arrive de faire des rencontres riches en évènements. A ma dernière visite un de mes amis, Gérard Raoul, bien connu dans le monde des phares. Un ancien gardien de phare qui a travaillé pendants des décennies aux Phares et Balises, m’a évoqué une exposition de peinture. Celle-ci occupait un salon à Perros-Guirrec, exposait les œuvres d’un peintre voyageur et la passion des mers, bateaux et phares. Il parcourt les océans avec ses pinceaux.

Je parle bien sûr de Ramine, une personne qui est présente et qui n’hésite pas a présenter et commenter ses œuvres. Très accessible, un bon moment dans les arts.

Merci d’avoir pris le temps de lire ce petit article et pour votre patience, à bientôt.

Ouvrages et recueil d’œuvres sur les phares de Bretagne, un des nombreux ouvrages du peintre Ramine, que je le remercie encore pour son accueil. La préface de Gérard Raoul que je salue.

Phare de La Corne et le Jaudy

Phare de La Corne et Tréguier

Cette fois-ci mon voyage me conduit dans un des cent un plus beaux départements de France, les Côtes d’Armor. Oui! Je suis dans le nord de celles-ci, près de la ville de Tréguier. Je ne suis pas très loin du Sillon de Talbert, les Hauts de Bréhat, Lézardrieux, Pleubian, donc dans le pays de Trégor.

C’est une petite cité d’environ deux mille cinq cent âmes résidents en permanence (recensement 2015). En l’an six cent de notre ère, un moine gallois se prénommant Tugdual aurait débarqué venant de la mer Manche et y fonde un monastère.

Le village de Tréguier y grandit, adossé à une colline, les activités nombreuses grandissent. Elles sont liées à l’océan, l’agriculture et l’artisanat.

Amer de la roche Skiviec

Amer de la roche Skiviec

Estuaire de Tréguier à marée haute

Estuaire de Tréguier à marée haute

 

 

 

 

 

 

 

 

Tréguier est la capitale du Trégor historique de la Bretagne. Tugdual ferait parti des sept saints fondateur de la Bretagne. La ville de Tréguier est une étape incontournable du célèbre pèlerinage breton, appelé « Tro Breiz ».

Comme vous le savez, l’Armorique existait et prospérait depuis plus de dix siècles auparavant. Les fameux et superbes mégalithes de cette région prennent leur source bien avant dans le croissant fertile.

Une superbe cathédrale de tendance gothique et d’une hauteur de soixante trois mètres protège la ville. C’est une des plus belles de Bretagne.

Phare de La Corne et le Jaudy

En aval de la petite cité se trouve l’estuaire de Tréguier. La confluence de la rivière Jaudy et celle du Gundy. Cet estuaire dont la largeur au fil des saisons varie de trois cent jusqu’à plus de cinq cent mètres. Je ne reviendrai pas sur l’origine du terme « Estuaire, Ria, Havre etc… », non plus sur le terme « rivière et fleuve« , jusqu’au 18ème siècle, tous les cours d’eau étaient nommés rivières.

Phare de la Corne à marée haute

Phare de la Corne à marée haute

Cardinale Nord des Trois Pierres Estuaire de Tréguier

Cardinale Nord des Trois Pierres Estuaire de Tréguier

 

 

 

 

 

 

 

 

Bien sûr le fleuve Jaudy, est un cours d’eau modeste, son débit annuel est d’environ 1,6 m3 par seconde. Celui de la rivière Gundy avoisine les 1,1 m3 par seconde sur une année lissé. Sans comparaison bien entendu, le débit du petit voisin, le fleuve Trieux est de 5,5m3 par seconde.

Phare de La Corne deux heures avant la basse mer

Phare de La Corne deux heures avant la basse mer

Phare de La Corne trois heures avant la basse mer

Phare de La Corne trois heures avant la basse mer

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Ces deux rivières se rejoignent à Tréguier pour former une baie et se jeter dans la Manche environ quinze kilomètres plus loin. Le Jaudy prend sa source dans la forêt de Coêtnès sur la commune de Tréglamus (22) à 304 mètres d’altitude.

Quand au Guindy d’une longueur de 43 kilomètres prend sa source dans la montagne de Ménebrée. Située sur la commune de Louargat à 185 mètres d’altitude. Montagne très connue pour l’exploitation minière dans le passé.

Phare de La Corne une heure avant marée basse coefficient 109

Phare de La Corne une heure avant marée basse coefficient 109

Phare de La Corne à marée basse coefficient 109

Phare de La Corne à marée basse coefficient 109

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les multiples écueils encombrent l’estuaire et la navigation est malaisé. Après de multiples demandent les vétustes perches de bois laissent place à un phare de granit.

Le phare de La Corne

Nous sommes dans l’ère Léonce Renault (1803-1880), ingénieur et architecte des ponts et chaussées et grand concepteur de phares du 19ème siècle. Il interviendra pendant toute sa carrière des côtes du nord de Dunkerque jusqu’au phare des Baleines. Il s’inspire des modèles Eddystone, reconnaissables à leur pied d’éléphant.

Echelle verticale d'accès à La Corne

Echelle verticale d’accès à La Corne

Pierre de Granit de l'île Grande constituant le phare

Pierre de Granit de l’île Grande constituant le phare

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Mr Léonce Raynaud sera à la tête des phares et balises de 1846 à 1878. Sa passion c’est le moyen âge, le médiéval. Il appose sa marque sur chaque phare qui se présente au travers des dossiers. Le sommet des phares deviennent coniques à redans, coiffant les échauguettes des fortifications.

De nombreux exemples éclairent nos côtes comme par exemple, Triagoz, La Croix (Lézardrieux), la Vieille ou le Grand Charpentier en Loire Atlantique.

Le phare de la Corne est implanté sur le rocher éponyme en 1876. Suite à un appel d’offres et approbation du 2 mars 1870. Il sera adjugé le 29 juin 1872 à l’entreprise Tadié pour les matériaux de parement. Il n’intéresse personne et sera construit en régie.

Phare de la Corne côté chenal

Phare de la Corne côté chenal

La Corne et le panneau avertissement réduction vitesse

La Corne et le panneau avertissement réduction vitesse

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Ce phare est construit en pierre de granit venant d’une carrière voisine située sur la commune de Pleumeur-Bodou, à savoir l’île Grande. Cette île à fournie des matériaux de construction pendant plus de deux cent ans. Le granit extrait transitait par le port principal de l’île. Il transitait par le port Saint-Sauveur à raison de 800 tonnes chaque jour.

Le phare de La Corne éclaire la baie depuis le 15 octobre 1876 et automatique depuis le 25 août 1892. Il fonctionne au gaz et l’électricité beaucoup plus tard.

Le granit de l'île Grande

Le granit de l’île Grande

Ancien anneau d'amarrage du phare

Ancien anneau d’amarrage du phare

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Pour en terminer,

Bien sûr comme beaucoup de ses congénères en 1944 il sera détruit en parti. Cela explique aussi l’absence actuelle de son toit conique en pierre de granit.

En 1948 c’est la réparation et la remise en service. Sa hauteur est de 19 mètres et sa portée est de huit miles nautiques. Il possède trois secteurs blancs, rouges et verts. C’est un feu à trois éclats de douze secondes.

Merci d’avoir pris le temps de parcourir cet article, à bientôt

*Découvertes phares de Jean Guichard et J.C. Fichou, ouest France 2017