Phare de Bodic ILLW 2019
Phare de Bodic ILLW 2019
Chaque année nous attendons cet événement. Cette année, c’est au tour du phare de Bodic. Il se situe dans les Côtes d’Armor, Nord Bretagne sur la commune de Lézardrieux. Commune très sympathique d’environ 1600 habitants et parcourue par de nombreux amoureux de la nature. Elle a l’opportunité de se situer sur le GR 34. Ce célèbre chemin côtier qui parcoure la Bretagne. Afin de situer plus à même les lieux, je peux vous évoquer, Le Trieux, Paimpol, l’île de Brehat ou le Sillon de Talbert.
Le pont suspendu à été érigé aux alentours de 1836, le modèle actuel lui est profondément remanié depuis 1925. Il circule environ 8000 véhicules par jour ce qui crée des soucis d’infrastructures.
Ce pont enjambe le fleuve côtier « Trieux » long de 73 kilomètres qui se jette dans la Manche à hauteur de l’île de Bréhat. Auparavant il traverse 27 communes avant d’arriver dans la Ria de Lézardrieux.
Sur les clichés, les deux principales « Sentinelles du Trieux », à savoir, le phare de « La Croix » et bien sûr le phare de « Bodic ».
Préparation amont,
L’équipe habituelle qui se compose de Dyd et Chris, prépare cette activation depuis le début de l’année. Il y a le choix du site, le phare de Bodic domine la Manche et le Trieux d’une altitude de cinquante huit mètres. Notre décision est de demander l’autorisation aux services des phares et balises de Lézardrieux afin de pouvoir activer le phare de l’enceinte de celui-ci. Une réponse positive nous parviendra de l’équipe de direction. Nous aurons même d’amicales visites lors de notre activation.
La subdivision des phares et balises de Lézardrieux est implantée depuis 1964. Son terrain d’intervention et ses missions s’étendent sur la Manche Ouest et l’Atlantique Nord. Une plaque apposée sur le flan de la propriété, côté cale de mise à l’eau, rend hommage à André Le Bras. Cet homme originaire de Pontrieux ingénieur des Ponts et Chaussées, jouera un rôle important pendant le conflit de la seconde guerre mondiale. Il sera de toutes les actions avec ses Amis et collègues des phares. Il rendra de grands services à notre nation face à l’ennemi. A la fin du conflit, nommé Maire de la commune par Londres et bien sûr patron des Phares et Balises de Lézardrieux, jusqu’en 1959, il décède en 1988.
A pied d’ œuvre,
Nous arrivons chacun de notre côté après trois heures de route environ. Nous sommes accueillis par les occupants des lieux, il n’y a plus de gardien mais le phare est entretenu.
Le WX (la météo) est très incertain, il pleut depuis dix sept heures trente et cela durera toute la nuit. Une légère brise balaie la colline.
Le week-end mondial des phares et bateau-phares démarre demain matin samedi.
Nos hôtes nous mettent généreusement à disposition une grande remise en fond de terrain. Nous n’aurons pas besoin de sortir nos tentes cette fois-ci. Jadis deux familles de gardiens occupaient les lieux. J’occupe l’ancien clapier à lapins surdimensionné pour un seul OM. Je peux déposer mes batteries, une de 110 A/h et l’autre de 70 A/h, marines à décharge lente. Pour Dyd ce sera l’utilisation du secteur car une prise de courant est présente dans la grange. Le groupe électrogène va pouvoir rester en stand-by.
Il est dix neuf heures, nous décidons d’un commun accord d’installer les antennes demain matin samedi.
Samedi 1er jour du ILLW 2019,
Nous arrivons vers huit heures trente, rien ne sert de se presser. L’ ILLW n’est pas un contest (concours), toutes sortes de stations amateurs de par le monde activent des phares. Nous sommes cette année 2019, 426 stations Radio-Amateurs, sept stations françaises inscrites. Notre call (indicatif) est identique aux années précédentes à savoir, TM2LW. Nous utilisons des moyens simples, mais nous sommes présents chaque année.
Commence le montage des antennes, pas de 21 et 28 Mhz pour ma part, les antennes sont restées au QRA. Je crois que personne n’est parfait et cela m’arrange hihihi. J’ai oublié ma table de camping aussi, je vais en acquérir une sur la route.
Pour ma part le montage est rapide, un dipôle 80/40/20 mètres. Pour Dyd ce sera un peu plus long avec une antenne « Cobweb », une MFJ-1836H pour les connaisseurs.
cobweb" modele MFJ-1836H
Alors qu’il pleut dans certaines régions, ici en Bretagne Nord, nous avons un temps sec et une brise de 60 Km/h. Je passe sur 80 mètres, furtivement car je me retrouve avec un problème de ROS élevé.
Je n’ai pas encore prévenu l’Ami Patrice, F-11579 qui va nous écouter pendant deux jours depuis l’Yonne. Heureusement car après maintes vérifications je ne trouve rien de spécial. Ce n’est pourtant qu’un simple bout de fil électrique, avec des connecteurs utilisés, afin de rallonger ou raccourcir l’antenne.
Je décide passer sur le 40 mètres et de trouver une fréquence de libre. Comme de coutume la bande est full-up, difficile de se faire une place entre les contests, les grosses stations qui bavent etc…Normal nous sommes le week-end.
Le temps passe,
Pour sa part Dyd déroule le 20 mètres et tout semble bien se passer. Je trouve enfin une portion de bande libre et commence mes premiers appels. Aucun souci notable ne viendra perturber notre journée ponctuée de nombreuses pauses. N’oublions jamais que notre hobby reste un plaisir, cela nous permet de répondre à de multiples questions générées par nos visiteurs. Nous allons peut-être susciter des vocations.
Il est dix huit heures trente nous décidons de stopper nos émissions. Demain sera un autre jour et la bière bretonne continue de nous faire des appels. Nous avons effectué environ 260 contacts pour cette première journée et quelques phares européens activant des lighthouses pour ce ILLW 2019.
Dimanche second jour d’activation,
Après une bonne nuit réparatrice à l’hôtel du Littoral de Lézardrieux, nous reprenons la route. Cette fois-ci pas de montage d’antenne, ni de vérification de câble ou connexion quelconque.
Ce matin nous sommes attendus par nos hôtes équidés, tout le weekend ils guetteront nos faits et gestes. Nous irons les caresser à maintes reprises, tout comme les marcheurs de passage sur le GR 34 égarés ou pas. Comme je l’évoque régulièrement notre passion ne doit pas nous empêcher de s’intéresser aux belles choses qui nous entourent…
Ce dimanche baigne dans le soleil, hormis une petite brise qui nous accompagnera toute la journée. Nous espérons améliorer nos distances de contacts afin de sortir un peu de l’Europe. Les conditions de trafic sont bizarres, pas mal de fading, des reports de 59+ à 33 au sein du même contact.
Le bilan de la veille pour ma part est de « 9 » pays contactés et 37 départements. Incroyable, mais vrai, pourtant ce ne sont pas les clients qui manquent, encore faut-il se faire entendre.
Notre hôte est absent, il est d’astreinte et parti vérifier ses alarmes et le bon fonctionnement de ses petits protégés. Nous aurons le bonheur et privilège dans la journée, de nous approcher de la lanterne.
Bien sûr nous ne sommes pas sur Armen, Cordouan ou La Jument. Les phares c’est comme les gens, il n’y a pas de petits métiers. Une diode électroluminescente de 28 watts et une lentille de Fresnel, cela donne 21 miles nautiques de portée. Je trouve l’association des deux fantastique, deux siècles de différence.
Un dimanche à la campagne suite,
Des pile-ups se déclenchent de temps à autres, puis plus rien. Je vérifie au moins cinquante fois mes connexions rien y fait. Je tourne beaucoup en France, Belgique, Allemagne,Italie et un croate.
En revanche l’Ami Dyd, tape l’Amérique du Sud . Pour l’Amérique du Nord, rien, nada, pas un seul contact en deux jours. Ce n’est pas grave, la radio c’est comme la pêche, parfois la bourriche est peu remplie. Nous passons un bon moment, nos sponsors sont présents, COREFF et 1664.
Je sais qu’au premier abord ce n’est qu’un vulgaire tas de ferraille. Ce n’est pas faux du tout. Mais celui-ci à une histoire, comme tous d’ailleurs. Lors de la débâcle de 1944 nos amis de « maintenant », ont décidé de tout détruire sur leur passage. Ils massacreront ou décapiteront une bonne centaine de phares, dont les Roches-Douvres. Malgré les interventions des gardiens, des gens des phares et balises. Ils ont tenté de leur expliquer qu’un phare n’avait pas de camp, de pays, ni d’idéologie, ni religion mais n’était là que pour le bien de tous.
Après tous ces événements il a bien fallut éclairer nos côtes de nouveau. Une tour métallique de 17 mètres a été implantée en 1950 en attendant la reconstruction du phare définitif. Ces dernières années, les restes de cette tourelle ont été hélitreuillés afin qu’un artiste puisse créer un monument ou une œuvre à la mémoire des marins et gardiens de phares.
Revenons à la radio,
L’heure s’avance et la soirée pointe son nez. Il est temps de démonter les installations. Cette opération nous prendra bien deux heures. Nous prenons congés de nos hôtes en les remerciant chaleureusement pour leur accueil et gentillesse.
Nous sommes globalement satisfait de cette aventure. Chaque année nous rencontrons des passionnés de phares et d’environnement. Ce n’est pas une mode du jour, ces personnes vivent, travaillent avec la nature et donc la respecte en bons marins.
Finalement nous l’avons contacté l’Amérique du Sud d’où nous avons pas mal d’amis passionnés de phares. Au total plus de 70 départements français. Comme chaque année nous sommes fiers de participer à ce weekend international des phares. Créé par des gardiens de phares écossais s’inquiétant de la dégradation de leur outil de travail et du patrimoine.
Merci à tous les Yls, Swls et OMs nous ayant contacté ou envoyé des rapports d’écoute complets. Spécial thank to Patrice F-11579 qui nous a suivi tout le week-end de cet événement mondial.
Grand merci à tous les amis et personnels des phares et balises pour leur accueil et de nous avoir facilité nos démarches. Merci aux personnes de « l’hôtel du littoral » pour leur amabilité, gentillesse et écoute.
Vous pouvez visionner une courte vidéo de l’activation en cliquant ici, merci
You can watch a short video if you clik here, many thanks
Ps: Enfin une petite dernière,
Lorsque vous êtes sur le port de Lézardrieux, vous pouvez apercevoir une superbe lanterne à l’entrée du site des Phares et Balises.
Cette lanterne occupait le sommet du phare de Triagoz de 1925 à 1942. « L’enfer des Triagoz » comme le surnommait les spécialistes. Déposée pendant le conflit de la WW2 afin de protéger l’ensemble des tirs aériens. Le phare de Triagoz tout comme ceux de Saint Nazaire, étaient allumés seulement afin de facilité l’entrée des bâtiments de la Kriegmarine.
A la fin du conflit, le phare et son optique retrouvent leur état d’origine. Elle sera à nouveau déposée en 1981 lors de l’automatisation de l’ouvrage.
Sur la demande de Mr Laroque Philippe ingénieur et patron de Lézardrieux. Elle sera démontée pièce par pièce et ré-assemblée afin d’avoir une troisième vie sur le site de Lézardrieux.
*Je me suis permis de prélever cette image sur un de mes livres. »Phares en mer » de Mr Jean-Christophe Fichou, un passionnant passionné de phares. Merci