Phares de la Pointe Saint Mathieu

Phares de la Pointe Saint Mathieu,

Nous continuons notre périple des phares par un superbe endroit. La région du Leon, « bro Leon » en breton, région bien ancrée dans ses origines linguistiques et traditionnelles. Région chargée d’histoire, comme toutes les régions de France d’ailleurs. D’après les dernières nouvelles, cela commence à la fin du Néolithique et début du Mésolithique. Les nomades qui arrivent des régions eurasiennes et du sud de l’Afrique via l’Espagne se sédentarisent pour certaines. Elles s’installent en Armorique, jusqu’où finie la terre. A l’époque, ni frontière, ni limite, ni drapeau, ni bannières à revendiquer, simplement survivre. Nous sommes environ 8000 années avant notre ère. Ils vivent d’agriculture et d’élevage et vont commencer par défricher les immenses forets, car il y a des bois partout depuis la fin de la glaciation.

Le Leon est une région riche en Mégalithes, mais ne possède pas les plus anciens. Les premiers Mégalithes datent de douze mille années et sont érigés dans le Croissant Fertile,  vaste région de l’Iran, Irak, et la Turquie avec le site de Göbekli Tepe..

En France les plus vieux monuments datent d’il y a neuf mille ans et c’est le célèbre Cairn de Banenez (Kerdi Bras en breton) sur la commune de Plouezoc’h en baie de Morlaix. Un autre monument grandiose dans le pays Vannetais , le tumulus de Saint-Michel. Enfin le Cairn du site de Bougon dans le Poitou département des Deux-Sèvres (79). Cette liste bien sûr n’est pas exhaustive.

La Pointe Saint Mathieu suite,

Fort de Berthaume construit au 17ème siècle sous Vauban

Fort de Berthaume construit au 17ème siècle sous Vauban

Plougonvelin, vue sur le goulet de Brest

Plougonvelin, vue sur le goulet de Brest

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Je pose mes bagages dans le petit village de Plougonvelin, commune d’environ 4500 âmes (2021) d’une superficie de 1860 Ha, située sur le littoral entre le Conquet et Locmaria-Plouzané à l’entrée du goulet de Brest. Sur son territoire tout au long de l’histoire a vu défiler des peuples de toutes origines. En partie défiguré par le béton en 1942 par nos amis de maintenant, sûrement un surplus de la base de Saint Nazaire. Si vous effectuez un retour en arrière, vingt mille années avant notre ère, le goulet de Brest n’existait probablement pas. Le niveau de l’océan avant la fonte des glaces, était cent vingt mètres plus bas. A titre d’exemple l’île de Molène était rattachée à la Pointe Saint Mathieu.

Région riche aussi en mégalithes, notamment le menhir du hameau de Kerloas sur la commune de Plouarzel. Il serait le plus haut mégalithe d’Europe.

**Vue aérienne du site de la Pointe St Mathieu

**Vue aérienne du site de la Pointe St Mathieu

Monument des marins décédés lors de conflits

Depuis 1927, Monument des marins décédés lors de conflits

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les lumières de Saint Mathieu,

Pour nos lumières de la Pointe Saint Mathieu, l’histoire semblerait commencer vers le 13ème siècle aux alentours de 1250 d’après les dernières recherches historiques. En revanche son histoire commencerait quelques siècles plus tôt.

Au 6ème siècle, de pieux cénobites érigent un temple sur la pointe. Fondé par Saint Tanguy. En l’année 875 les normands pillèrent le village du Conquet tout proche et le site de St Mathieu (commune de Plougonvelin) par la même occasion.

La frontière actuelle entre les deux villages c’est le ruisseau du moulin de Goazel. La commune de Plougonvelin c’est quinze kilomètres de côtes maritimes.

***Gravure du XVII ème siècle de l'abbaye Saint-Mathieu de Fine-Terre

***Gravure du XVII ème siècle de l’abbaye Saint-Mathieu de Fine-Terre

***Tourelle à feu de Saint-Mathieu

***Tourelle à feu de Saint-Mathieu

 

 

 

 

 

 

 

 

L’abbaye Saint-Mathieu de Fine-Terre apparait au début du 13ème siècle construite sur les ruines du temple. Souvent afin de normaliser la religion tout ce qui était temple ou édifice jugé païen était rasé. Le recyclage existait déjà, les pierres de ces édifices servaient à reconstruire aux normes de l’époque… Eglises abbayes ou couvents, hihihi.

En 1207 les partisans de Jean Sans Terre (1166-1216) roi d’Angleterre construisirent un château et une forteresse au Conquet. Jean Sans Terre le cinquième enfant et surement une erreur, fils de Henri II et Aliénor d’Aquitaine. A sa naissance sa mère à 45 ans.

Pointe St Mathieu sa chapelle

Pointe St Mathieu sa chapelle

Pointe St Mathieu côté Est

Pointe St Mathieu côté Est

 

 

 

 

 

 

 

 

D’autres multiples invasions se succèderont, en 1295 avec les anglais. En 1558 ils reviennent de nouveau. A cette époque la Pointe de Saint Mathieu, (en breton Loc-Mazé, Pen-ar-bed) comptait 36 rues ou ruelles, dont deux voies romaines venants de Carhaix et Kerilien.

Pour terminer bien sûr les épreuves terribles des dernières guerres modernes.

Et les phares maintenant,

Bien sûr ce ne sont pas les plus anciens de France, ni de Bretagne non plus. Dans la forme actuel c’est celui du Stiff qui fonctionne depuis 1700 sur l’île d’Ouessant. En revanche une tour à feu y demeura à partir de 1250, et donc la première aide de navigation maritime de Bretagne. Cela grâce aux moines Bénédictins et les habitants de Plougonvelin.

Saint Mathieu vue des trois monuments de signalisations

Saint Mathieu vue des trois monuments de signalisations

Saint Mathieu, Phare actuel, Tour carrée, Phare auxiliaire

Saint Mathieu, Phare actuel, Tour carrée, Phare auxiliaire

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Pour l’origine des feux de Saint Mathieu, mes connaissances sont trop peu importantes pour rentrer dans les détails et affirmer quoique ce soit. En revanche des membres de L’université de Bretagne occidentale proposent au travers d’un article fort bien construit des pistes. Je vous invite à le consulter à cette adresse.

Il y a fort peu, voir pas d’écrit, avant le 13ème siècles de notre ère. L’on évoque même une éventuelle source de signalisation lumineuse à l’époque romaine, en partie lié à la présence des voies pavées de cette époque. A contrario certains parlent de la présence en général de navigation cabotière et diurne ne justifiant pas la présence d’une signalisation.

Les chercheurs évoquent une tour « Clocher, Donjon, tour à feu » car nos ennemis de l’époque effectuent de fréquentes incursions sur nos côtes bretonnes.

Certains plans de masse du site parle de tour carrée et/ou de donjon muni d’un lanterneau. Celui-ci était alimenté en bois venant d’épaves de mer et une sorte de redevance lors des passage de navires.

Intérieur de l'abbaye de Saint Mathieu

Intérieur de l’abbaye de Saint Mathieu

Le sémaphore de Saint Mathieu et ruines de l'abbaye

Le sémaphore de Saint Mathieu et ruines de l’abbaye

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

En 1656 le monastère est en partie à l’abandon. En revanche des moines de Saint Maur établissent des plans des lieux et bâtiments. Ils évoquent  l’existence d’une tour à feu.

1681 un moine bénédictin du nom de Don Simon Le Tort rédige l’histoire du monastère en Latin et évoque à son tour l’existence d’une tour carrée et en son sommet une lanterne contenant une torche qui guident les nautoniers.

Ensuite l’amirauté et le procureur du roi vont s’approprier les droits de passages de l’abbaye.

1796,

24 juillet 1796, (6 thermidor 1796) lors de l’achat de l’abbaye par le sieur Budoc Provost. Le contrat précise qu’en aucun cas, il ne devra toucher à la tour carrée, celle-ci porte une lanterne et sert de phare. Ce notable du Conquet le paiera 1800 livres en Assignats.

Tour carrée de Saint Mathieu

Tour carrée de Saint Mathieu

Vue du dessus de l'abbaye de Saint Mathieu

Vue du dessus de l’abbaye de Saint Mathieu

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

En l’an 1692 un feu est mis en service, il se constitue de 3 rangées de lampions superposés dans une lanterne. IL est de la conception de l’ingénieur Des Grassières. Son projet date de 1689, l’amirauté prendra l’installation à ses frais.

1740 année ou l’on installe une lanterne vitrée, elle serait en verre de Bohème munie de 60 réverbères en son intérieur.

Le 1er février 1821 installation d’un feu tournant au sommet de la tour afin de ne plus le confondre avec le feu fixe d’Ouessant.

Nouveaux phares,

Entre 1830 et 1835, les responsables décident de renforcer la puissance du feu. La tour carrée n’est plus adaptée compte-tenu de son état. Pendant la révolution tous les biens ont été vendus et sous-traités à un démolisseur du Conquet.

Phare de Saint Mathieu, peint et sérigraphié depuis 1963

Phare de Saint Mathieu, peint et sérigraphié depuis 1963

Phare de Saint Mathieu, peint et sérigraphié depuis 1963

Phare de Saint Mathieu, peint et sérigraphié depuis 1963

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Des écrits de monsieur Fresnel Léonor (1790-1869) frère de D’augustin Fresnel (1788-1827) font l’état des feux de Saint Mathieu au fil des années.

En 1830, le premier janvier, feu tournant dont les éclipses se succèdent de 100 secondes en 100 secondes. Position 2 lieues 1/3 à l’ouest de l’entrée du goulet de Brest. Élévation 51 mètres et portée de 6 ****lieux marines, +/- 34 kilomètres.

1835, un nouvel édifice est construit et mis en service, il est toujours en service à ce jour (2025). Construit d’une part avec les pierres de l’abbaye en ruine et vandalisée à la révolution. D’autre part avec des pierres extraites des neuf carrières de l’Aber Ildut. En alignement avec le feu de Kermorvan et le phare de Portzic, il sécurise le Chenal du Four et l’entrée du goulet de Brest. A l’époque, sa couleur est ton pierre naturelle.

Sa taille est de trente sept mètres de hauteur, le fût cylindrique repose sur un autre corps cylindrique. Ce fût à la base renferme le logement de gardien et sert de réserve.

Plus tard en 1880 des logements plus conséquents sortiront de terre dans le hameau.

Un état de 1849 fait état d’une cloche, mise en service lors de temps de brume. Le réglage de cette corne est de 14 coups, de seconde en seconde. Ensuite repos de 6 secondes. Puis coup double, de nouveau repos de 6 secondes et puis 14 coups de seconde en seconde.

Situation en 1850, phare de 2ème ordre, et un éclat de trente secondes en trente secondes.

L’entretien et la gestion du phare passe en 1851 de l’amirauté au service des Ponts et Chaussées.

Chapelle de la Pointe Saint Mathieu

Chapelle de la Pointe Saint Mathieu

Lanterne actuelle du phare de Saint Mathieu (2025)

Lanterne actuelle du phare de Saint Mathieu (2025)

Pour se rendre au sommet du feu, il faut gravir 163 marches. La vue est superbe, et cela à 360°.

Le joli phare sera électrifié en 1932.Il sera gardienné jusqu’en 2006.

Troisième et dernier feu à Saint Mathieu,

Lorsque vous flâne ou visitez les lieux, un petit fanal se  situe pas très loin du grand phare. Si vous observez au Nord-Ouest et à environ 60 mètres de son grand frère, un feu auxiliaire est présent depuis 1894.

Les deux feux actuellement en service de Saint Mathieu

Les deux feux actuellement en service de Saint Mathieu

Saint Mathieu, Tour carrée, Feu principal et feu auxiliaire

Saint Mathieu, Tour carrée, Feu principal et feu auxiliaire

 

 

 

 

 

 

 

 

 

A vrai dire en 1894 ce n’était qu’une modeste cabane en tôle. Le petit fanal actuel ne sera construit et mis en service, que le 25 octobre 1899. Il a en charge la sécurisation du « Chenal du Four ». En alignement avec le phare de Kermorvan. Il est muni d’un des premiers faisceaux tricolores WRG en France.

Phare auxiliaire de Saint Mathieu

Phare auxiliaire de Saint Mathieu

Les secteurs tricolores de l'auxiliaire de Saint Mathieu

Les secteurs tricolores de l’auxiliaire de Saint Mathieu

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Ce petit feu de Saint Mathieu sera le troisième en France à recevoir un feu tricolore à trois secteurs, Rouge, Blanc et Vert le 1er janvier 1894. Le premier étant le feu de Penlan en 1888 sur la commune de Billiers (56). Le second est le phare de La Corne à l’embouchure de la rivière de Tréguier (22) le 25 août 1892.

Merci d’avoir parcouru cet article, une multitudes d’écrits enrichissent les archives de France, des Ponts et Chaussées, des Phares et Balises et j’en passe.

 

Tous les renseignements complémentaires afin de visiter ce magnifique site de la mer d’Iroise. Cliquez ici merci

Mémorial national des marins morts pour la France

Mémorial national des marins morts pour la France

Musée de triste mémoires de 1939-1945

Musée des tristes mémoires de 1939-1945

 

 

 

 

 

 

 

 

 

En cliquant sur la photographie de droite au dessus, la page de ce musée s’ouvre avec tous les renseignements disponibles

 

* La Bretagne maritime (1889), ouvrage de Benjamin Girard, (1830-1905) officier supérieur de la Marine

** Vue Google earth

*** Musée de Bretagne, Collection Arts graphiques, Rennes, gravure extraite du Monasticon Gallicanum

**** Lieu marine, vingtième partie du degré terrestre et valant trois miles marins soit 5,555 kms. Lieue terrestre est égale à 4,445 kms.