La pierre à l’œil
La pierre à l’œil,
La pierre à l’œil, joli et bizarre nom d’une tourelle à feu qui balisait l’Estuaire de la Loire maritime. Elle se trouve sur la commune de Paimbœuf, depuis bien longtemps. Pour son histoire nous devons revenir au milieu du 18ème siècle.
L’un des premiers programmes de balisage d’estuaire est celui de la Loire. En 1747 sous la houlette d’un ingénieur géographe Mr Pelletier, au service du duc de Penthièvre. Celui-ci proposera un plan de balisage de l’estuaire pour un coût de 40 000 Livres. Les états de Bretagne ne le retiennent pas, trop cher.
Tiens ! Nous sommes en Bretagne ? Les estuaires sont le lieu de vastes mouvements de navires et donc de trafics importants. Pour la ville de Nantes, ce sont les voyages de « La droiture » comme « Triangulaires » et donc les petits commerçants rouspètent. De nombreux navires s’échouent, coulent ou s’éventrent sur la multitude de bancs de sables ou rochers émergeant. L’objectif est de domestiquer la Loire afin d’aider les navires à rejoindre Nantes sans encombre.
Duc d’Aiguillon,
Le duc d’Aiguillon qui administre la province de 1753 à 1768 demande à l’ingénieur Mangin, après une étude hydrographique préalable, l’édification de trois tours.
Deux à terre, la tour de « L’aiguillon » et elle du « Commerce » afin d’éviter le banc des Charpentier. La troisième sera celle des « Morées » qui trouve place en plein milieu de l’estuaire. Afin de prévenir des roches et du banc de sable éponyme. Construite en 1777.
Les navigateurs apprécient grandement ce balisage. D’autres suivront afin de compléter le balisage de l’estuaire de la Loire, notamment la tour de « la Pierre à l’œil » en 1780, peu avant la révolution.
Petite tour en pierre muni d’un toit en pierre de taille d’une hauteur d’environ six mètres. Oui ! D’ici l’on ne vois pas grand chose. La position exacte de cet ouvrage est Latitude 47° 17′ 60 N et Longitude 002° 02′ 70 N, située sur la commune de Paimbœuf. Son rôle était aussi de matérialiser le chenal de navigation avec la tourelle des « Brillantes » située à 500 mètres de là en aval de la Loire. Les « Brillantes » érigée la même année que la « Pierre à l’œil » en 1780.
Au fil du temps le banc des « Brillantes » se déplace et sa taille change, petit à petit il ensable l’endroit. De plus la main de l’homme, bien sûr passe par là, les creusements successifs du chenal et le rejets des encombrants y sont pour beaucoup. Une sorte de « Jaille » de l’époque.
Trois tourelles,
De ces trois tourelles à feu, deux sont encore en service, à savoir celle des « Morées » et la seconde, « Les Brillantes ». D’autres tourelles à feu balisent ou balisaient l’estuaire de la Loire comme, la tourelle de la « Pierre rouge » (1806, voir article sur ce site), la tourelle « Des Moutons » (1811) se situe presque en face de la Pierre à l’oeil sur l’autre rive et visible à l’œil nu. Nous avons aussi un peu en aval la tourelle de « Sécé » (1807) qui se trouve à la jonction du banc de « Bilho » et du banc « Des Brillantes » et enfin « La Ramée » qui feront l’objet d’un autre article sur ce site.
D’autres part compte-tenu des nombreux naufrages ou incidents de navigation les marins tombés à l’eau avaient peu de chance de s’en sortir vivants, de part la forme des tourelles, tronconiques et avec un sommet en pointe. Ils décident en 1893, d’araser les sommets de ces tours, d’y sceller une balustrade en fer et de leur adjoindre une échelles métalliques afin que les marins puissent avoir une chance de s’en sortir. Certaines tourelles comportaient des niches à leur sommet pouvant contenir un naufragé.
Pour revenir à la tourelle de la « Pierre à l’oeil », en 1890 l’on installe un système d’éclairage qui se compose, non pas d’optique catoptrique comme sur les phares de premier ordre mais, d’un appareil rotatif à réflecteur parabolique et à lampe à huile, moins onéreux.
Maintenant vous allez me dire, « Mais elle se situe où, cette pierre à l’œil ? »
Situation,
Lors de votre visite dans cette commune de Paimboeuf, vous longez la Loire et ses grands quais. Vous verrez bien sûr son petit phare qui serait, selon les spécialistes le phare le plus en retrait du littoral, environ 10 kms. Vous continuer vers le camping, arrivé face à celui-ci, vous avez un chemin face à vous, un petit restaurant sur votre droite, vous allez tout droit vers le port à sec.
Sur le port à sec, un chemin de terre longe celui-ci sur 100 mètres maxi et la tourelle se présente à vous. Il ne reste plus qu’a profiter de l’endroit bucolique et calme.
A noter qu’en 2020 le port à sec est détruit et laisse place au chantier des éoliennes du Croisic.
La tourelle de la « Pierre à l’œil » fait partie pour les Radio-Amateurs du DFCF, elle a été activée dernièrement (avril 2015) par Claude F5MCC.
Merci d’avoir pris le temps de lire cet article.